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  • L’histoire du "Tombant marin" - Le making-off


    Bubule
    • Proposer l’image qui va coller au mieux au thème d’un concours n’est pas si simple. Et Cap Récifal avait mis la barre haute avec comme premier thème Le paysage récifal. Mon imagination m’oriente vers l’étendue, les grands espaces qui s’envolent vers l’infini. Au-delà même de la perception. Soit totalement l’inverse de ce que représente mon bac qui avait été monté selon les standards de l’époque : Un empilage de roches sur la vitre arrière. Il faut dire que ses dimensions (150x50x60) sont difficilement exploitables par d’autres configurations. Mais il faut faire avec !

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    Comment faire sortir d’un tel bac une image digne d’un concours ? C’est ce que je vais tenter de vous expliquer, étape par étape, jusqu’à l’image finale.

    Après une après-midi passée à déclencher selon un cadrage longuement réfléchi, ou chaque passage de poisson dans la zone dédiée fut immortalisé, je me suis rendu compte lors de la visualisation des images (une bonne centaine) qu’aucune ne se prêtait au concours. Car le thème et la qualité espérés étaient inadaptés. La conclusion était simple : Il fallait tout jeter !

    Le lendemain, je tentais en coup de vent une autre approche, un autre angle. Seulement 5 images furent prises et enregistrées. L’idée du tombant avec sa pente raide vers les profondeurs m’est venue. Mais le problème des bacs de faible largeur (50cm), c’est que les bords ou les accessoires sont très vite dans le cadre. Cependant, l’image était là !

    La voici sortie du capteur (format RAW) Bien fade ! Mais l’essentiel est satisfaisant (le cadrage et l’exposition).

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    Il faut ensuite lui faire restituer toute sa beauté. Pour cela j’utilise un logiciel de traitement des fichiers RAW (soit DPP, soit CameraRaw/Lightroom)

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    J’applique à l’image quelques réglages selon mes gouts. La balance des blancs est plutôt pas mal, je n’y touche pas. Un peu de saturation des couleurs, retouche des tons et de l’exposition générale. Un peu de vibrance. On s’approche…

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    Je rajoute ensuite un peu de netteté afin de mieux faire ressortir les polypes.

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    Avant
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    En détail.
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    Après
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    En détail.

     

    A noter que je n’ai pas touché à la réduction du bruit, particulièrement faible à la sensibilité de cette prise de vue (100 ISO). Le reste du traitement sera effectué dans Photoshop (retouches locales, recadrages, montages, …). Le logiciel GIMP2 (gratuit), bien qu’il ne propose pas encore de retouches locales (à ma connaissance) permet déjà de se faire la main au post traitement.

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    Il me semblait nécessaire de supprimer les reflets de la vitre frontale et des éléments gênants (pompe, surverse) et de rajouter de la profondeur. Un bleu profond, dégradé, à en devenir presque aspirant. Pour ce faire, j’augmente la zone de travail du coté qui m’intéresse et la remplis avec une couleur pipée dans une zone proche de la zone à compléter.

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    J’effectue ensuite un recadrage pour supprimer les éléments qui n’apportent rien à l’image. Surtout ceux qui sont incomplets (Trochus, Parazoanthus, Xenia). Je recoupe ici avec un format standard (2x3), dont une partie de la zone rapportée précédemment.

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    Maintenant arrive l’opération de retouche des éléments.

    • Noyer la zone rapportée pour faire disparaitre le raccord
    • Supprimer la pompe et la surverse

    J’utilise pour cela l’outil correcteur (ou tampon). Différentes tailles et différents modes de remplacement seront utilisés. Lissage de la zone bleue rajoutée (tampon mélange de couleurs)

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    Masquage de la pompe et de l’arbre oscillateur (tampon de couleur bleue)

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    Effacement de la surverse avec le tampon mélangeur et remplacement d’une partie de la zone par copie-collage de Zoanthus. Notez que la création d’une copie ou d’un élément s’effectue sur un nouveau calque.

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    J’en profite pour faire disparaitre avec le "tampon retouche" les bulles sur les zones nécrosées ou qui attirent trop l’œil (Zoanthus rétracté). Ce tampon est un outil de forme circulaire dont on peut modifier le diamètre ou la forme de travail. Le logiciel effectue un calcul en fonction, soit d’une zone préalablement indiquée, soit de la zone elle-même et recalcule la surface pour enlever la zone inadaptée et pour la remplacer par quelque chose de "logique". C’est sur Photoshop quelque chose de très puissant. DPP n’est pas mal non plus dans le domaine…

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    Voilà, c’est fini pour les retouches de formes

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    Maintenant, il reste à traiter la couleur de l’Euphyllia et le reflet du Caulastrea à atténuer. Cela devrait donner une impression de profondeur supplémentaire. Il reste également à rajouter un dégradé au fond bleu. Pour cela je passe en mode de retouches localisées sur calques de réglages.

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    Les masques de réglages sont matérialisés par les petits rectangles noirs et blancs sur le coté droit de l’écran.

    Les zones blanches représentent les zones impactées par les réglages.

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    Pour les créer, on peint dans le masque de calque la zone souhaitée en peinture blanche (zone modifiée) ou noire (zone non modifiée). Grise plus ou moins foncé là où le réglage doit être partiel. Dans le même élan, j’effectue une retouche de la luminosité et du contraste de manière dégradée, afin d’accentuer l’effet de profondeur du fond bleu.

    Voilà, le traitement de la photo est terminé.

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    Mais voilà, quelque chose cloche. L’image manque de vie. Aucun poisson n’y apparait. On est loin de la vie des récifs… Il faut dire que pour obtenir une profondeur de champ proche de la longueur du bac (150 cm), c'est-à-dire une netteté suffisante sur la plus grande longueur possible, il faut fortement fermer le diaphragme à la prise de vue (f/32) et poser suffisamment longtemps (1.5 à 3 s de pose) pour obtenir l’effet que je souhaitais obtenir de la surface. Mais comme avec ce temps de pause, le moindre mouvement se transforme en flou, tous les poissons devaient se trouver hors champ. Toutes les pompes sont arrêtées pour éviter les mouvements des polypes et des sédiments. Cependant, pour obtenir l’effet désiré, il me fallait tout de même des vaguelettes qui seraient floutées par la prise de vue. Il me fallait donc en provoquer à la main, sur la surface de l’eau, juste avant de déclencher.

    L’idée m’est venue de piquer les poissons que j’avais pris la veille, et de les introduire dans cette image.

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    Je règle grossièrement les paramètres de chaque image sous CameraRaw. L’idée est de conserver le maximum de texture tout en faisant ressortir du fond la forme à extraire. Avec une attention particulière au bruit généré par la sensibilité employée lors de la prise de vue. Soit 2000 ISO, pour obtenir une vitesse d’obturation rapide afin de limiter le flou de bougé sur les animaux mobiles. En photo, les paramètres de prise de vue sont très souvent une affaire de compromis.

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    Pour extraire le Zebrasoma flavescens de l’image, j’utilise l’outil "lasso magnétique".

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    Il permet de détourer l’animal sans trop d’efforts. Le fil de suivi se raccrochant directement le long du corps de l’animal, tout en laissant les autres éléments du décor en dehors de la zone. Seules les zones où le contraste est faible, posent problèmes (nageoires). J'ai détouré au mieux.

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    J’effectue ensuite quelques réglages afin d’améliorer les contours (clic droit), puis programme la sortie vers un nouveau calque.

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    Je me positionne ensuite en mode d’affichages simultanés afin de voir les deux fichiers images.

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    On peut ensuite copier/glisser, du calque contenant la forme, vers l’image réceptrice.

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    La déplacer, la redimensionner et l’incliner à souhait.

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    Une fois intégré, il restera quelques retouches à effectuer pour fondre au mieux le Z. flavescens dans l’image.

    Idem pour Z. xanthurum. Mais là, les sédiments ne sont plus comptables ! Du coup, j’effectuerai leur effacement une fois le Z. xanthurum extrait à l’aide l’outil de retouche (toujours le tampon magique).

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    Une fois les deux poissons collés dans l’image, il faut lisser un peu le raccord, notamment au niveau des nageoires.

    Sur Z. xanthurum, un reflet sous la nageoire dorsale (son dos) trahit un éclairage latéral de droite. Il suffira de rajouter un peu de bleu dessus, ou bien réduire l’exposition localement. J’opte pour la 1ère façon par simplicité.

    Je crée donc un nouveau calque sur lequel je vais faire quelques coups de peinture (effet pistolet) en pipant la couleur au plus près des animaux, et en réglant un débit relativement réduit pour effectuer un beau dégradé.

    Sur l’original du concours, j’avais supprimé une nageoire du Z. flavescens pour le décaler un peu plus, sans sortir du cadre. Et omis de réduire l’éclairage sur Z. xanthurum.

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    Voilà, l’image est maintenant plus vivante. On pourrait s’amuser à légèrement bleuir le Z. xanthurum afin d’augmenter l’impression d’éloignement. Ou bien encore utiliser la fonction de transparence du calque comme ceci :

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    Reste maintenant à l’enregistrer au format imposé par le concours (1024 px max). Il existe une fonctionnalité fort intéressante sous ce type de logiciel, l’enregistrement direct pour le Web.

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    Cette fonctionnalité permet de réduire de manière automatique la taille du fichier en préservant au mieux la qualité de l’image. Cependant, quelques précautions sont tout de même à prendre pour cela. La qualité est à mettre à 100 % et la qualité finale en mode "Bicubique plus net". C’est également dans ce panneau que vous stipulez l’apparition ou non de vos données Exif (paramètres de prise de vue, métadonnées).

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    Et voilà !

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    Franck PONGNAN (Bubule)

    Article publié par Cap Récifal le 11 aout 2013 avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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