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Bactéries pathogènes


Denisio

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Bonjour,

Bientôt de retour en récifal avec un nouveau bac, je reste hanté par la fin sans gloire du précédent. Sans refaire l'historique, j'ai pu voir mon aquarium péricliter sur environ 2 ans, doucement mais surement. Les colonies coralliennes on blanchi par épisodes successifs, des plus fragiles à celles jusque là indestructibles, d'une colonies à l'autre en progressant autour de la cuve. Il faut me croire, j'ai tout essayé, en privilégiant la voie biologique mais pas seulement. Lests ICP n'existaient pas à l'époque pour évacuer avec certitude certaines causes potentielles chimiques. Ayant une bonne connaissance de cet aquarium qui a vécu de belles heures durant des années, le type de déclin ne ressemblait pas à ce que l'on nomme le "syndrome du vieux bac". j'ai fini par incriminer une infection bactérienne ou virale, mais sans aucune certitude sur son origine,  sa prolifération ni le mode d'action pour aboutir aux nécroses généralisées.

C'est donc avec intérêt que je suis les diverses publications sur les bactéries en relation avec les coraux. Que ce soit pour un ensemencement de l'aquarium, pour la santé du corail (bactéries présentes dans les mucus des coraux) ou pathogènes, génératrices de désagrément, de maladies ou de destruction. Heureusement, les chercheurs se penchent de plus en plus sur cet aspect (la résistance du corail est malheureusement très d'actualité) et publient en lecture libre des articles très intéressants.

Parmi ceux-ci : 

Phylogenetic, genomic, and biogeographic characterization of a novel and ubiquitous marine invertebrate-associated Rickettsiales parasite, Candidatus Aquarickettsia rohweri, gen. nov., sp. nov.

L'étude traite d'une bactérie de l'ordre des Rickettsiales. Ces bactéries sont fréquentes dans les mucus (animaux et humains). Le genre Wolbachia est un pathogène connus chez les invertébrés mais pas en milieu martin.  Les auteurs ont mis récemment en évidence l'action d'une espèce Aquarickettsia rohweri fréquemment associée aux invertébrés marins (anémones, éponges, hydrozoaires, placozoaires, cténophores…) et détectée chez les coraux Scléractiniaires. Il a été montré qu'elle répond à l'exposition nutritive, et est associée au déclin des spécimens par une croissance réduite ou une mortalité accrue. Après analyse phylogénétique, le clade de cette espèce trouvé sur le corail e a été nommé "Candidatus Aquarickettsia rohweri".  "Ca. A. rohweri" ne synthétise pas la plupart des sucres et des acides aminés, mais possède un "antiporteur" qui échange l'ATP du corail en ADP, et d'autres particularités. Malgré son incapacité à métaboliser l'azote, "Ca. A. rohweri" possède un système réagissant à l'azote extracellulaire. Les observations sur ce parasite dans les tissus de son hôte, le corail, laissent penser que "Ca. A. rohweri" nuit à la santé des coraux en consommant les nutriments et l'énergie de l'hôte, affaiblissant ainsi et tuant éventuellement les cellules hôtes. Il est possible aussi que l'enrichissement en nutriments, de plus en plus fréquent sur les récifs coralliens, contribue à la production plus importante par le corail de métabolites riches en azote. Ces métabolites, utilisés par "Ca. A. rohweri" permettent ainsi sa prolifération.

La composition des mucus coralliens est de mieux en mieux identifiée. La présence de bactéries pathogènes est quasi systématique. La stabilité de la santé dépend d'un équilibre entre cette faune symbiotique, bénéfique ou pas, et le corail. Les conditions environnantes et les stress associés (rencontrés également en aquarium) peuvent déplacer la répartition des symbiotes et donc, leur activité. En plus des agents pathogènes virulents, d'autres espèces bactériennes rendent leurs hôtes plus vulnérables. La recherche de cette étude s'est concentrée sur l'observation des réponses de l'hôte aux conditions environnementales pour tenter de comprendre comment ces microorganismes sont impliqués et peut-être fournir un aperçu des causes insaisissables de la maladie des invertébrés marins. 

Sur le corail Caraïbe Acropora cervicornis en voie de disparition ainsi que 3 autres espèces, l'étude a montré une augmentation de 11 à 88 % de cette bactérie au sein de la communauté bactérienne, après l'exposition à des nutriments inorganiques, nitrates et des phosphates, élevés et une forte corrélation négative entre son abondance et la perte de croissance des coraux ainsi que la nécrose accrue des tissus. Pour autant la présence de cette bactérie également chez des coraux sains rend l'interprétation de son mode d'action difficile.

 

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il y a 11 minutes, Denisio a dit :

Sur le corail Caraïbe Acropora cervicornis en voie de disparition ainsi que 3 autres espèces, l'étude a montré une augmentation de 11 à 88 % de cette bactérie au sein de la communauté bactérienne après l'exposition à des nutriments inorganiques, nitrates et des phosphates, élevés et une forte corrélation négative entre son abondance, la croissance inférieure des coraux et une nécrose accrue des tissus. Pour autant la présence de cette bactérie également chez des coraux sains rend l'interprétation de son mode d'action difficile.

Merci pour ce partage (même et surtout s'il n'est pas d'une folle gaieté)  ;)

Malheureusement difficile de définir si ces bactéries sont LA cause essentielle du problème ou si leur prolifération n'est que le coup de grâce opportuniste asséné à des coraux déjà mal en point ?!

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:bonjour

déjà qu'en ayant le matériel et les connaissances nécessaires, ca ne me parait pas simple de définir la cause d'un corail mal en point. alors a notre niveau ont est mal ....et même si la cause est définie, est-ce que ce n'est pas quelque chose en amont qui l'aurait déclenchée ??

 pas facile facile tout ca :(

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Le 12/22/2019 à 1:30 PM, Dompail a dit :

Merci pour ce partage (même et surtout s'il n'est pas d'une folle gaieté)  ;)

Malheureusement difficile de définir si ces bactéries sont LA cause essentielle du problème ou si leur prolifération n'est que le coup de grâce opportuniste asséné à des coraux déjà mal en point ?!

D'autant que nous aussi, souvent, sommes porteurs sains de bactéries pathogènes opportunistes. Celles qui ne posent pas de problème en temps normal mais qui profitent d'un affaiblissement pour laisser paraitre leur pathogénicité.
Donc peut être as tu eu ce type de bactéries qui sur un bac un peu ancien peuvent devenir problématiques.

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Oui, tout à fait. Jusqu'à ce jour nous parlions de bactéries pathogènes comme un monde nébuleux impossible à mieux définir. Commencer à identifier  la faune bactérienne présente et savoir lesquelles sont pathogènes nous donne l'espoir que bientôt, à l'instar des test chimiques ICP, nous pourrons établir une cartographie bactérienne et vérifier en cas de problème si elle a évolué. Le troisième volet de ce progrès sera de déterminer une stratégie de lutte contre cette bactérie spécifique . C'est pas gagné.

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j'adore ce post , perso je rajoute toute les semaines 3 marques de bactérie différentes ,  je suis le protocole VSD et je rajoute une autre forme d'aliment pour bacterie de chez fauna marin afin d' essayer de les nourrires je rajoute également de 'aliments spécial bactérie .

je fais ça depuis 1ans ,depuis la reprise en main de mon bac , je me suis fait ma petite idée sur le sujet puisque j'ai eu ce fameux soucis de perte inexpliqué

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Le 12/24/2019 à 12:55 AM, Denisio a dit :

Oui, tout à fait. Jusqu'à ce jour nous parlions de bactéries pathogènes comme un monde nébuleux impossible à mieux définir. Commencer à identifier  la faune bactérienne présente et savoir lesquelles sont pathogènes nous donne l'espoir que bientôt, à l'instar des test chimiques ICP, nous pourrons établir une cartographie bactérienne et vérifier en cas de problème si elle a évolué. Le troisième volet de ce progrès sera de déterminer une stratégie de lutte contre cette bactérie spécifique . C'est pas gagné.

Je n'en suis pas si sûr, Compère (ou alors comme tu l'écris, "ce n'est pas gagné") ;)

D'une part, comme l'écrit Chprieur, parce que la pathogénicité supposée de telle ou telle souche n'est souvent avérée qu'en fonction d'un certain nombre de paramètres (faiblesse ponctuelle de l'hôte, abondance momentanée "d'éléments" favorisant le développement de certaines souches au détriment de la flore "habituelle", etc, etc...).

Et d'autre part (pure spéculation de ma part), peut-être du fait d'un appauvrissement progressif de la biodiversité de la flore bactérienne au sein de nos systèmes clos... comme nous pouvons déjà le constater, visuellement cette fois, en ce qui concerne les micro et macrofaune apportées avec les roches vivantes. Au début, quantités d'animalcules différents et, quelques jours, semaines, mois plus tard, difficile de discerner autre chose que les "habituels" gammares, copépodes, mysis, une ou deux espèces de vers, soit une indigence absolue au regard de la population initiale. Parce que, non seulement le système est clos avec de facto peu d'apports extérieurs mais que, de plus, il est d'une effrayante stabilité et régularité par rapport au milieu naturel. A peu près toujours les mêmes températures, photopériodes, types de nutriments, paramètres physicochimiques de l'eau (enfin, pas si sûr de ce point de vue sur tous les bacs :D). Pas de tempêtes, pas d'orages, pas de fortes marées, pas de saisons, pas de périodes de disette, etc, qui remettent de temps à autres "les compteurs à zéro" au détriment de certains et à la faveur de tels ou tels autres.

La plupart des coraux hébergés dans un bac récifal n'ont jamais connu que ces "conditions idéales" et nous savons qu'ils en sont plus affaiblis à terme que renforcés (beaucoup plus sensibles par exemple aux infestations parasitaires auxquelles ils n'ont jamais été confrontés). N'en va-t-il pas de même avec la flore bactérienne d'un bac ou l'effondrement de la diversité laisse peut-être plus de places vacantes pour des souches opportunistes face à des animaux déjà plus fragiles ?

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Oui, cela explique peut être le syndrome des vieux bacs ou la perte progressive des coraux, par une perte de l'"immunité " des coraux vis à vis de certaines bactéries, par manque de stimulation dudit système immunitaire. D'ailleurs, les coraux ont ils un système immunitaire ? Ils ont un système chimique de lutte contre les coraux d'autres espèces, mais contre les bactéries, les virus ??

Nul doute que les bactéries se font également la guerre pour l'accès aux nutriments dont elles ont besoin pour vivre. Il est alors possible que certaines espèces ou classes de bactéries disparaissent... Hors je n'irais pas jusqu’à dire que les bactéries que certains achètent très cher sont indispensables, parce qu'on ne sait pas quelles sont celles qui ont disparu de notre bac, et quelles sont celles que nous ajoutons via ces miraculeux flacons. A mon sens, la seule chose utile pour améliorer la qualité bactérienne d'un bac est d'ajouter une vraie pierre vivante fraichement importée.

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Il y a 15 heures, chprieur a dit :

A mon sens, la seule chose utile pour améliorer la qualité bactérienne d'un bac est d'ajouter une vraie pierre vivante fraichement importée.

toute a fait d'accord avec toi ,

mais faut il encore que le pro qui la vend puisse te garantir la fraicheur car si elle traine dans sont bac depuis 1 mois

ben je vois pas l'utilité ,étant donner que souvent c'est le même bac qui sert a recevoir toute l'année les pierres vivante et que selon leur stade de vente les trois quart sont morte .

sans compter les vendeur menteur qui te vend des pierres soit disant importé en cités est en faite soit racheté ou de la culture piscine ......

 

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Le 12/26/2019 à 5:09 PM, Dompail a dit :

Je n'en suis pas si sûr, Compère (ou alors comme tu l'écris, "ce n'est pas gagné") ;)

Je conserve mon optimisme. Je n'ai pas dit que nous saurons d'où vient ni pourquoi la bactérie pathogène s'est développée et encore moins, pour l'instant, comment la combattre. Pour autant, savoir que telle ou telle bactérie pathogène s'est anormalement développée permet d'éliminer d'autres facteurs de maintenance, à l'instar des tests ICP chimiques. Identifier une piste d'un problème est tout de même plus confortable. 

Il reste, bien entendu, à l'aquariophile d'exploiter cette info au mieux. Pour reprendre mon cas personnel, si ça avait été le cas, je serais peut-être arrivé à la même conclusion : l'arrêt du bac. Mais je n'aurais pas perdu un an de questionnements et de tentatives infructueuses.

Le 12/26/2019 à 7:45 PM, chprieur a dit :

Oui, cela explique peut être le syndrome des vieux bacs ou la perte progressive des coraux, par une perte de l'"immunité " des coraux vis à vis de certaines bactéries, par manque de stimulation dudit système immunitaire. D'ailleurs, les coraux ont ils un système immunitaire ? Ils ont un système chimique de lutte contre les coraux d'autres espèces, mais contre les bactéries, les virus ??

Le syndrome des vieux bacs est la résultante de nombreux facteurs dont probablement celui-là. 
J'avais pu lire que les coraux ont en effet un système immunitaire. Parmi l'arsenal bactérien de leur mucus, certaines bactéries sont en mesure de lutter contre l'intrusion de certaines pathogènes, ou le développement d'autres, également pathogènes, faisant partie de la population normale du mucus.

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