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  • Le réacteur à bactéries, la solution ?


    Gloupe
    • On en entend parler, mais finalement nous avons peu de retours, et lorsqu'il y en a, on ne sait pas à quoi s'en tenir tellement les avis semblent partagés. Étant confronté depuis quelques temps à des problèmes sur des pieds-mères, des blanchissements lents, voire très lents, débutant à chaque fois de la base, j'ai dû faire évoluer mon installation.

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    Hanna Checker
    Hanna Checker PO4

    Les tests ne m'ont pas aidé puisque tout semblait normal, Ca, KH, pH, NO3, Mg, et PO4. Au même moment, sortait le fameux test électronique Hana Mini-photomètre Checker® HC phosphates. Son prix accessible a permis à pas mal de passionnés de se rendre compte que finalement les valeurs zéro PO4, obtenues avec les tests colorimétriques tels que mon test Salifert, étaient quelque peu optimistes ! J'ai donc voulu en avoir le cœur net, après tout il fallait bien trouver la cause de mon problème, les changements d'eau conséquents ne faisant que stopper temporairement les blanchissements, avant qu'ils ne repartent de plus belle.

    C'est donc le jour de son arrivée dans la boîte aux lettres, pas peu fier de mon joli test Hanna tout neuf, que j'ai moi aussi pu m'apercevoir de l'ampleur du problème : entre 0.20 mg/l trouvé le plus souvent et 0.35 mg/l PO4 obtenu une fois !

    Avec de tels taux, je n'aurais pas pu avoir tant de couleurs dans le bac, mais non, mais non, ce test Hanna était sûrement mauvais ! Il s'en est suivi une multitude de mesures, à telle ou telle heure de la journée, dans la décantation, dans le bac principal ou à boutures, avec l'eau des copains, etc. Bref, je me suis fait la main avant de savoir correctement l'utiliser et me rendre compte que dans certains bacs il donnait de bons résultats. Première conclusion : les tests colorimétriques PO4, et bien c'est du caca !

    Hors donc (comme disent les lémuriens dans Madagascar, oui je sais, je suis très cultivé) ! J'ai dû me faire une raison et tenter de trouver une solution pour faire baisser ces satanés PO4 qui étaient sans doute à un taux faible à une époque, mais que mes tests n'ont pas pu voir évoluer dans le temps (étant donné leur précision…), provoquant, je l'espérais, ces fameux blanchissements (seule piste que j'avais…).

    Pour commencer, j'ai tenté de changer de résine antiphosphate en utilisant  JBL PhosEX ultra, étrangement ressemblante avec celle de Tridacna au passage, ça n'a rien changé. J'ai ensuite utilisé Coral-shop Dispophos, en respectant un mode opératoire que j'avais pu lire sur certains forums : mise en place d'un micron-bag en sortie de descente d'eau, et injection du produit directement en sortie de la pompe de brassage du bac principal. Résultat : souvent des valeurs intéressantes, autour de 0,10 mg/l, parfois même moins, 0.08 mg/l étant la valeur mini que j'ai pu mesurer. Mais tout ça n'était valable que le lendemain de l'injection, car le surlendemain, bingo ! Les PO4 avaient retrouvé leur valeurs initiales. J'ai renouvelé cette manipulation plusieurs fois sans jamais améliorer la situation sur le long terme.

    J'ai opté ensuite pour la mise en place de paille de fer. J'ai aussi utilisé de la laine d'acier avec le même résultat et l'une ou l'autre sont, selon moi, identiques. J'ai veillé à bien l'emmitoufler dans une double chaussette, elle-même placée dans un micron-bag, lui-même en sortie de descente. Je n'avais pas envie, comme certains l'ont signalé, de me retrouver avec une décantation encrassée par la rouille. Je laissais la paille plusieurs jour d'affilée, pour me rendre compte que le taux de PO4 baissait plutôt bien. J'ai fréquemment obtenu des valeurs en dessous de 0.15 mg/l tant qu'elle était en place. J'ai là aussi reproduit l'expérience plusieurs fois, avec de bons résultats, mais tout de même loins de mon objectif de 0.03 mg/l. Cette technique est cependant contraignante, je ne me voyais pas la pratiquer sur le long terme. Je m'explique : le micron-bag se bouchait tous les 2 jours à cause des sédiments et de la rouille qui s'y déposaient, il me fallait donc à chaque fois le sortir et le rincer, c'est assez fastidieux. De plus, l'écumeur s'emballait souvent lorsque je changeais de chaussette, ou que je replaçais le micron-bag propre dans la décantation. Enfin, cette méthode avait ses limites sur mon bac, je n'ai globalement jamais réussi à descendre sous 0.15 mg/l. Ce n'était donc pas suffisant, même si cela restait finalement plus efficace que la résine, et puis de toute façon les blanchissements continuaient doucement mais sûrement.

    Il me fallait donc tenter de descendre encore le taux pour en avoir le coeur net, mais sans savoir comment. Il me restait, à ma connaissance, 3 solutions :
    - la méthode zéolithe, j'y ai toujours été allergique : on retire tout du bac, le mauvais ET aussi le bon. Sur le long terme, je suis encore méfiant, et puis ce n'est pas vraiment économique, c'est sans arrêt de la poudre de perlimpinpin à rajouter, donc tout ça ne me convient absolument pas.
    - la méthode biopellets
    - et la méthode vodka associée à un réacteur fluidisé contenant du charbon, un RAB quoi !

    opotr.gif
    Collection de DVD OPOTR

    J'ai choisi la dernière, je ne peux rien dire sur les biopellets, je laisse le soin aux autres d'en parler, il est important de partager nos expériences, n'est-ce pas ?
    J'ai donc choisi le RAB en partie, je dois l'avouer, car l'idée vient d'un monsieur qui m'inspire confiance, Alain alias Nitrobacter, qui nous offre de très intéressants exposés visibles sur les nombreux DVD d'Océan Passion on the road (OPOTR) conçus par Dominique PAILLER. A ce titre, je ne vais pas expliquer le pourquoi du comment de cette technique, Alain donne toutes les explications en deuxième partie DVD OPOTR n° 22, il vous suffit donc de le commander sur la boutique OPOTR  (je ne touche pas de pourcentage je vous rassure).

    Avant de commencer, j'ai beaucoup parcouru les forums. Je préfère toujours laisser le soin à d'autres de tenter les expériences, puis, lorsque j'estime que le risque est acceptable, je me lance. Pas folle la guêpe !

    carbon.jpg
    Tridacna / Carbon

    Bref, il m'a fallu dans un premier temps quantifier le volume de charbon et le type de charbon à mettre en œuvre. Mon choix s'est porté sur le Tridacna/Carbon. Etant donné mon volume total d'eau, environ 1700 l, j'ai décidé d'en utiliser 1kg dans un premier temps, sachant que ce qui est préconisé se situe plutôt autour de 1 kg/1000 l. J'étais donc en dessous de cette valeur.

    Pour le fluidiser, il m'a fallu estimer le volume de la chambre de fluidisation de telle sorte que le charbon puisse être en suspension sans jamais être rejeté dans le bac. Pour ce faire, il faut tout logiquement que les bâtonnets de charbon ne soient pas expulsés trop haut dans le réacteur afin qu'ils puissent ensuite retomber tout doucement.

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    Reefshop Preposing filter

    J'ai eu du flair en me procurant le réacteur Reefshop Preposing filter qui s'est avéré convenir parfaitement. Il est clair que si le volume de votre bac diffère du mien, la quantité de charbon n'étant pas la même, ce réacteur ne conviendra pas forcément.

    Pour éviter le retour du charbon vers la pompe de brassage, et donc vers la décantation lorsqu'elle s'arrête, j'ai tout simplement placé en amont du RAB un clapet anti-retour PVC de diamètre 20 mm. C'est le plus petit que j'ai pu trouver mais il convenait parfaitement, donc inutile d'en chercher de plus petit. Un réducteur du diamètre du tube et un raccord cannelé plus tard, ma pompe Aquarium System Maxijet MJ 1000 était enfin raccordée. J'ai testé cette configuration en dehors du bac dans un premier temps, et comme cela me donnait entière satisfaction, je l'ai enfin reliée avec l'eau de la décantation. Ce réacteur est donc, dans mon cas, externe. J'ai laissé le RAB tourner ainsi pendant quelques jours, le temps que le charbon ait fini son rôle d'épuration.

    Déjà, j'ai pu voir que contrairement à la simple poche de charbon placée dans une chaussette, la clarté de l'eau est nettement plus impressionnante, le résultat esthétique est surprenant sur le bac, donc cela vaut le coup rien que pour la limpidité de l'eau.

    Ensuite, il a fallu rajouter la vodka, sensée booster les bactéries dans le bac afin qu'elles viennent rapidement coloniser le charbon et « peut-être », si tout se passe bien, contribuer à obtenir un faible taux de phosphates et aussi de NO3, tant qu'à faire. Il se peut que même sans vodka, l'énorme surface de colonisation qu'offre le charbon suffise dans certains cas à obtenir le même résultat. Bon, je n'ai pas voulu attendre.

    Pour les ajouts, je suis parti sur 12 mg/jour, soit 0.7 mg/100 litres/jour, à voir par la suite pour l'augmenter ou la diminuer, ce qui représente beaucoup moins que ce qui est souvent préconisé dans cette méthode, à savoir 1 à 2 mg/100 litres/jour. On n'est jamais trop prudent, qui va piano…

    sld1800.jpg
    Grotech SLD 1800

    Les ajouts manuels, ce n'est pas mon truc, et puis en vacances, comment fait-on ? Bref, j'ai opté pour une pompe doseuse, mais pas n'importe laquelle, une dont le débit est adapté à mon dosage. Mon choix s'est porté sur le modèle Grotech SLD 1800 qui me permet d'espacer les dosages en quatre fois dans la journée. J'ai couplé cette pompe à un programmateur digital, réduisant chaque injection à une minute maximum. En effet, sans cela, ce modèle redémarrerait à chaque coupure de courant avec autant d'injections que de coupures de courant dans une journée. Imaginez un peu lors d'un orage, vous êtes en vacances (bien entendu, c'est toujours à ce moment-là que cela arrive), une multitude de coupures EDF surviennent et la bouteille entière se vide dans le bac. Avec au retour, au mieux tous les poissons sont alcooliques et au pire tout le monde est mort.

    Et le résultat dans tout ça  ?

    Ben rien ! Non je blague, vous vous doutez bien que je ne me serais pas cassé la tête à pondre des lignes pour le plaisir. Le résultat est mitigé. Après 5 semaines, le taux de PO4 stagne à 0.15 mg/l. Cela s'est stabilisé au fil du temps, ce qui représente un léger mieux par rapport aux niveaux de départ, en revanche le taux de NO3 est très vite descendu près de zéro.

    ultrabak.jpg
    Fauna Marin Ultra BAK

    J'ai donc pris quelques mesures afin d'améliorer encore les choses : Changement de source de carbone pour Fauna Marin Ultra BAK acheté au Grand bleu à Bordeaux, avec deux injections de 3 ml par jour, puis j'ai rajouté 0.5 litre supplémentaire de charbon actif et changé la pompe par une Tunze silence 1073.02 dont le débit réglable est bien pratique pour ajuster la fluidisation et a permis de supprimer la réduction PVC.

    Résultat, en 3 semaines, toujours un taux aussi bas en NO3, mais surtout un taux de PO4 de 0.03 mg/l, stabilisé. J'ai augmenté les quantités de nourriture sans que cela change ce résultat. Je mets environ 3 cubes de congelés en alternance avec granulés et algues sèches, des AA, et une bonne cuillère à café de cyclop-eeze par jour.

    Les coraux ont encore gagné en couleur (je n'étais tout de même pas à plaindre avant. On en veut toujours plus !), les blanchissements ont enfin stoppé (coïncidence ?), je peux nourrir plus les poissons sans que cela influe sur la pollution, ils ne s'en porteront que mieux.

    Je n'affirme pas que cette méthode est à mettre entre toutes les mains, chaque bac a ses spécificités, mais si cette expérience peut aider certains d'entre vous, et bien, je n'ai pas perdu mon temps.

     

    Voici une vidéo pour illustrer tout ça.

     

     

    Stéphane GUENEUGUES

     

    Article publié par Cap Récifal le 19 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de l'auteur.

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