
Mais non, ce petit bruit d'écoulement, tout à l'heure il n'y était pas ! Il semble prendre des décibels à chaque seconde, bientôt on n'entend plus qu'une cascade d'eau infernale et, revenu à la réalité, on sent bien que cette cataracte va devenir le centre de débats acharnés et que le petit paradis... Ben non, il n'est pas encore dans le salon.
1. Pourquoi ce silencieux ?

Comme beaucoup d'aquariophiles, j'ai vécu cette bruyante réalité. Sur mon installation l'eau s'évacue par un coude PVC de diamètre 50 mm, c'est beaucoup plus que ce qu'il faut pour un débit réel d'environ 4000 l/h, et forcément de l'air est aspiré dans un glouglou infernal.
Les essais du système "Durso" basé sur un principe similaire et bien connu des internautes, ne m'ont pas donné satisfaction : la nappe d'eau au-dessus de la sortie devenait trop importante et la succession de coudes imposée par ce système était beaucoup trop encombrante. Pas question non plus d'intercaler en aval de la tuyauterie une vanne qui serait de toute façon difficile à régler puisque la cuve technique est dans le garage de l'autre côté du mur, et qu'un escargot pourrait obstruer avec beaucoup de difficultés pour le retirer. Pour la même raison je ne souhaitais pas insérer dans le conduit une chaîne ou tout autre objet hétéroclite, comme on le lit parfois. Il fallait un système compact, à l'entrée de la tuyauterie, capable d'absorber beaucoup d'eau, facile à surveiller et à nettoyer...
Plusieurs essais m'ont conduit à un montage jamais décrit auparavant, et ce depuis la mise en place de ma seconde cuve de 750 litres, en 2007. J'en décrit ici le principe, pas vraiment compliqué à réaliser : des bouts de tuyaux, un matériau insonore souple, un peu de colle thermo-fusible pour ajuster les formes et de la colle cyanoacrylate pour solidariser définitivement les éléments. Le premier proto déjà bien abouti a pris une demi-heure de temps de réalisation.
2. Le principe
Puisque le bruit vient essentiellement du mélange d'air et d'eau (fig.1) à l'entrée et plus en aval dans le conduit de descente, et que ce bruit remonte par l'entrée de la canalisation, l'idée consiste à fermer l'entrée d'air au juste nécessaire et, petit plus, pour l'insonoriser. Ce principe n'est pas fondamentalement différent du système Durso basé sur une entrée immergée et un évent calibré. La solution présentée ici s'avère simplement plus compacte, plus rapide, avec la possibilité de régler facilement le niveau d'eau.
3. Réalisation

La première étape consiste à séparer le passage de l'air et celui de l'eau. C'est le rôle de ce tuyau PVC placé au centre (fig. 2).
Son diamètre extérieur doit être choisi pour laisser passer toute l'eau entre le tube et le coude, sans la freiner. Trop petit, il serait inefficace et trop gros il aurait pour effet de générer une perte de charge et de faire monter encore plus la nappe d'eau au-dessus du coude. Commme le tube se positionne dans l'entrée d'eau, en forme de cône, le diamètre dépend de sa position en hauteur et vice versa. Ces choix sont primordiaux, mais pas de crainte, le bon diamètre n'est pas aussi difficile à trouver qu'on pourrait le penser. Il suffit de deux ou trois expérimentations successives avec des bouts de tubes en plastique.
Maintenu à la main, on détermine la bonne hauteur. Dans mon application elle pratiquement au niveau du sommet du coude (pas comme dessiné). Les flux étant moins tourbillonnants, le bruit diminue déjà, mais pas suffisamment.

Au sommet de ce tube, on insère un bouchon en matériau insonore (liège, polyéthylène, polystyrène, polyuréthane expansé...), percé d'un évent (fig. 3). Le bruit piégé dans ce silencieux n'est pratiquement plus audible. L'espoir est revenu ! Le trou doit être calibré, ni trop grand (le but ne serait pas atteint), ni trop petit (l'écoulement serait en légère dépression qui ralentirait la vitesse et ferait monter le niveau d'eau jusqu'à un nouvel équilibre).

Un peu de mousse insonorisante sur les parois internes du silencieux permet d'améliorer encore son efficacité (fig. 4).

Il ne reste plus qu'à réaliser le support pour fixer le tube à la bonne hauteur et le centrer à l'entrée du coude (fig. 5). Trois pattes en PMMA (plexiglas) avec un petit décrochement à la base pour le centrage et collées au tube avec de la colle cyanoacrylate, peuvent faire l'affaire.
Le système est amovible et rapidement remis à sa position pour retrouver son fonctionnement initial.

Sans rapport avec l'insonorisation, ce système n'empêche pas d'intercaler un élément de tube pour ajuster au plus fin la hauteur du niveau d'eau dans la cuve (fig. 6). Bien entendu, ce réglage est possible si le niveau d'eau n'est pas assuré par une grille-déversoir en amont.
4. Vidéos in situ
Je comprends tout à fait qu'on puisse se méfier d'un tel système tant il est simple à mettre en œuvre. Et puis, est-il si efficace que ça ? Ces deux vidéos, avec le son bien sûr, seront peut-être plus convaincantes :
5 Quelques réalisations DIY




Ces deux prototypes sont restés en place sans autre amélioration. En 7 ans de fonctionnement ils n'ont pas occasionné de déréglage, ni le besoin de revoir les dimensions. Ce montage, nulle part décrit ailleurs a été adopté définitivement par quelques aquariophiles de mon entourage.
Nul doute qu'il peut contribuer à la paix des ménages, pour que chez soi, la chute du Niagara d'origine devienne un vieux cauchemard et que l'aquarium de la maison trouve le silence d'un lagon du Pacifique.
Denis TOURNASSAT
Article publié par Cap récifal le 04 janvier 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Modifié par Denisio
Commentaires recommandés
Il n’y a aucun commentaire à afficher.